Résumé:
La billebaude est le deuxième roman du recueil
consacré à l’oeuvre d’Henri Vincenot.
Comme dans le Pape des escargots, l’action se
déroule en Bourgogne, plus précisément dans
l’Auxois, cette région vallonnée située en
Côte d’Or. Henri Vincenot nous livre une histoire fortement
inspirée de son expérience de jeunesse dans un
village comme la France en comptait beaucoup à cette
époque. La vie y est rythmée par les tâches
quotidiennes de la maison et par les travaux des champs en
fonction des saisons. Mais la vie du narrateur tourne surtout
autour de la chasse. Il y est initié par son
grand-père maternel, le Tremblot, pour qui la région
n’a pas de secret. Il connaît très bien le
parcours des animaux et apprend à son petit-fils
l’art d’identifier les traces laissées par le
gibier dans les bois. Le savoir-faire de cet homme est reconnu
par tous. Le titre du roman fait référence au type de
chasse prôné par le Tremblot. La chasse à la
billebaude est la chasse au hasard, au gré du parcours des
animaux, par opposition à la chasse à courre où
l’animal est traqué sans relâche. Le grand drame du narrateur est d’être doué
pour les études. Après des résultats brillants
au certificat d’études, il poursuit sa
scolarité au collège Saint-Joseph de Dijon.
C’est pour lui un premier déracinement qui le coupe
de la vie à la campagne. Le second intervient lors de son
admission aux HEC qui lui impose de vivre à Paris. Ce qui
ne lui permettra que rarement un retour au village pour
profiter de ce mode de vie qu’il a dû quitter à
regret. Les retours réguliers dans son village de
l’Auxois seront pour lui de grands moments de joie. Henri Vincenot est un conteur formidable. Il avoue
d’ailleurs parfois forcer le trait, inspiré en ceci
par son grand-père, lui-même grand raconteur
d’histoires. Je n’ai pas pu m’empêcher
de trouver dans la Billebaude un quelque chose du Marcel Pagnol
de la gloire de mon père, à la fois dans
l’amour pour sa région et pour l’histoire du
passage de l’enfance à l’âge adulte et
toute la découverte du monde qui l’entoure. Les
compagnons du Tour de France y tiennent une place importante,
comme dans le pape des escargots. La figure emblématique
qu’est son grand-père tient un rôle central, un
peu comme l’était la Gazette dans le pape des
escargots. Il va lui ouvrir la porte de du compagnonnage, cet
univers aux codes ancestraux, en commençant par la
bourrellerie, le travail du cuir. C’est d’ailleurs
ce monde de traditions bien ancrées qui se heurte à
une France qui se modernise, comme on le lira avec la
mécanisation des campagnes et l’exode rural. Le
récit se déroule sur fonds de crise des années
30 et de scandale financier (affaire Hauna-Stavisky). Henri
Vincenot s’érige en défenseur du mode de vie de
ses grands-parents et arrière grands-parents, sages parmi
les sages, et condamne le progrès à tout crin et
l’exploitation de la nature. Ce côté donneur de
leçon à la jeune génération pourra ennuyer
certains lecteurs, de même que la répétition de
certaines expressions, comme celle qui consiste à
décrire sa région comme le toit de l’Europe
occidentale, le lieu où l’eau des rivières
rejoint tantôt la Méditerranée tantôt
l’Atlantique. Mais ces quelques points négatifs
n’ont en rien entamé mon plaisir de lire la
billebaude. Le récit est très coloré, grâce
au patois bourguignon, tout du moins celui de l’Auxois.
Vous saurez ce qu’est un peux, des gaudes (et être
gaudé) et vous n’aimerez pas être
beurdaulé ni mâchuré. Bref, la billebaude est une bouffée d’air
frais.
http://meslectures.wordpress.com/2008/05/15/la-billebaude-henri-vincenot/